Par Le Lion Bleuflorophage
Saint Jérome, son lion et un crâne, Dürer, 1514
Saint Jérôme est chez lui, studieux mais tenaillé par le goût du savoir, concurrentiel ou complémentaire de son mysticisme (En 374, Jérome le savant, a une vision qui lui fait abandonner l’étude profane pour la théologie. Panofsky parle quant à lui de la vie au service de Dieu de saint Jérome opposée à la vie en compétition avec Dieu du savant profane). C’est cette tension même qui fait la valeur de son exemple. Le lion est à sa place, il est chez Saint Jérôme, mais il n’est pas en retrait, pas du tout. Il dort parce qu’il veille. J’aimerais vivre dans cet endroit. Le crâne, la mort, y a droit de cité, et même, il est l’appel vers l’extérieur, le dehors, l’étendue. J’ai toujours rêvé de méditer tranquille dans un jardin ou un endroit comme ça, un endroit où la solitude est riche et bruissante, et peut même être partagée, dans une étendue de temps où l’urgence n’a pas de sens. Quelle communication entre le saint et le lion ? Le rapport d’altérité même. J’aime Dürer parce qu’il grave ce que mon imaginaire a déjà rêvé sans le représenter. C’est magique.