La naissance de Vénus, de Botticelli (vers 1485)
Par Le Lion Bleuflorophage
Un jour, le Ciel, constamment épris de la Terre, se répand sur elle pour faire donner libre cours à son désir amoureux. Cronos, un de leurs innombrables enfants, à l’esprit particulièrement retors, s’embusque dans un coin avec une grande serpe dorée. Le moment venu, il laisse éclater un rire sardonique et brandit la lame. En dépit de tous les enfants qui ont tenté de prévenir Ciel en hurlant jusqu’au délire ” il est là, attention, il est caché là, il est là !”, cet imbécile de Ciel n’a rien entendu ou rien voulu entendre et hop, son membre est proprement tranché et expédié dans la mer où il dérive un certain temps, bientôt tout couvert d’une écume blanche qui garantit la décence de la scène. Soudain, dans l’écume sortie du membre, prend forme une merveilleuse jeune fille qui fait rire de joie les vagues elles-mêmes. Oui c’est bien elle, Aphrodite, Vénus, faible, rieuse, radieuse, rusée, inconséquente, et qui fait perdre la tête même aux plus sages. Ainsi son berceau n ‘est pas la coquille, qui arrange bien tout le monde (c’est très joli, marin, naturel, et c’est aussi le symbole de la vie, assimilé formellement à la vulve féminine, d’où il est logique qu’advienne la naissance, celle de Vénus en particulier), mais le membre, non représenté sur le tableau de Boticelli, mais que nous vous invitons fortement à replacer mentalement pour redonner un caractère de véracité historique à ce tableau outrageusement allégorique.